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Sujet: Re: L'affaire du Whitemail 07.06.12 18:53
Page 17/25, on se rapproche doucement de la fin... Chapitre court, mais la suite sera plus mouvementée.
Le voyage sur le fleuve fut reposant pour tout le monde. Le vaisseau, agile et maniable, se maniait bien malgré les remous. Et le temps lui-même était clément. Autour du navire, les paysages défilaient. Des petits villages portuaires du début, le décor se mua en de vastes plaines et champs ensuite, puis en de vastes forêts sauvages. « - Le domaine Éent. », commenta sobrement Hector. « - Ils n’aiment pas la négoce, dans ce pays. »
John commençait à se plaire, parmi l’équipage. Un jour, il monta tenir compagnie à Finnigan, à la vigile. Un autre, il occupa les cuisines, pour voir comment on s’occupait de la gestion des vivres. Parfois, il restait une journée entière avec Yhla, à simplement discuter. La jeune femme lui confia son ambition de parcourir le monde puis d’écrire un livre géant, contant les légendes du monde entier. Le reste du temps, il lui donnait maladroitement la réplique, afin qu’elle s’exerce à son jeu de comédienne. Les pièces d’Oschyle étaient ses préférées. John ne parvenait pas à distinguer les moments où elle jouait des moments où elle était naturelle, ce qui commença à l’inquiéter grandement sur sa sincérité.
Enfin, ils arrivèrent à Phare. Alors que l’immense monument ayant donné son nom à la ville pointait à l’horizon, Hector sembla perdu dans ses pensées, avant de s’exclamer, enflammé : « - Ah, Phare ! Joyau du commerce et de la finance ! Bijou déchiré par deux mers, aux confins de deux civilisations. Crépuscule de la mer australe, aurore de la mer intérieure ! Phare, phare de la civilisation Letonienne, ville des anciens qui résista au Déluge ! Phare, brillante cité culturelle, et repaire des pires brigandes de l’océan ! Phare, objet de mon cœur, déchiré entre deux âmes, ville des plus hautes vertus et des pires vices. - … Je constate que tu aimes bien la ville. - J’y ai quelques affinités, en effet. »
Il était vrai que la ville fut magnifique aux yeux de John. Entièrement en pierre blanche, avec de nouveaux quartiers en bois et en briques, la ville était une métropole multiculturelle. L’ancienne partie regroupait le centre et le port. Les bâtiments, de pierre blanche, s’élevaient dans d’audacieuses envolées par les ponts et les coupoles. La partie industrielle, tournée vers le continent, était entièrement en briques. On y croisait d’étonnantes machines à vapeur, comme des sortes d’engins à roues et à moteur, pouvant se déplacer tout seul. La partie contemporaine, issue de l’immigration, avait poussé en périphérie le long du fleuve. Le bois était particulièrement utilisé, avec des bâtiments pouvant atteindre les vingt mètres de haut, et qui constituaient un labyrinthe boisé géant au cœur de la cité portuaire. Enfin, le phare en lui-même. Au centre du port, d’une cinquantaine de mètres de hauteur, entièrement en pierre blanche. Une unique pierre rouge, échouée on ne sait comment, avait été insérée au milieu de la structure. Selon la légende, lors des nuits sans lune, le phare prenait le rôle de l’astre lunaire, à tel point que l’on pouvait facilement confondre son sommet en croissant avec l’objet céleste.
Hector, engoué à l’extrême, entraînait John dans tous les endroits « à voir absolument avant de mourir ! » de la ville. « - S’il y a bien une chose pour laquelle je remercie le Capitaine, c’est pour m’avoir fait connaître cette ville ! » aimait-il répéter. En une journée, John appris plus sur les sphères les plus hautes et les plus basses de la ville qu’il n’aurait voulu. Mais au moins, l’argent de sa bourse et celui volé à Kalsian fut rapidement rentabilisé, et ils revinrent au navire allègres de leurs gains.
L’Aelin était en train de brûler.
Flo Loup Solitaire
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Ely>>>Je lis la suite après manger, je vais me contenter de répondre vite fait =p
Pour les tournures trop "orales", normalement, ça se corrige assez bien, si tu as besoin tu peux même te faire une petite liste de synonymes pour les mots sur lesquels tu bloques, j'imagine. Par exemple, "il fit un sourire", tu peux remplacer par "il lui envoya un sourire", "il afficha un sourire", etc... bref, une fois que tu as identifié où tu as tendance à bloquer, ça peut se réparer. Autrement, si tu veux vraiment les placer, y'a effectivement moyen de les utiliser, et c'est quand le héros donne son avis, notamment dans une scène à ne pas trop prendre au sérieux, si tu vois ce que je veux dire. Quand on donne presque la parole au héros, et qu'on a en somme un retranscrit de ses pensées, sans altération romanesque de la part du narrateur. Ne pas en abuser, mais ça peut être sympa, notamment pour apporter un peu de repos au lecteur dans un texte au langage autrement assez soutenu.
Pour le reste, un point que j'ai mentionné mais dont tu n'as pas fait mention c'est de prendre son temps. J'ai peut-être pas assez insisté dessus, puisqu'il s'agit d'une nouvelle... x) Mais oui, là encore, je répète, il manque quelques scènes entre le héros et les pirates, là c'est un poil rapide la façon dont il s'adapte. Un demi chapitre ou deux aurait fait l'affaire.
Sur ce, je re :V
Elyfinthiel Elfe
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Sujet: Re: L'affaire du Whitemail 14.06.12 17:22
Nous sommes aujourd'hui jeudi, et comme tous les jeudis, c'est l'heure du chapitre du jour ! C'est l'"avant-dernier" chapitre, la semaine prochaine ayant la bataille finale, et le dernier chapitre étant l'épilogue. En espérant que vous aurez bien apprécié
Les deux hommes coururent d’une traite jusqu’à la rue jouxtant les quais. Là, ils s’arrêtèrent pour regarder la scène. Un homme, assez petit, arborant bouc et moustache, faisait face au Capitaine Fint. « - Morryton. », souffla Hector. John tressaillit. Comment s’étaient-ils fait piéger de la sorte ? « - … Et comme tu l’as déjà deviné, toute résistance est futile, Fint. Je ne comprends pas ton idiotie. Tu le savais, pourtant, que cette ville m’appartenait. En entier. Regarde tous ces navires qui vous entourent ! Tous des navires mercenaires, que j’ai payé ! Échec et Mat, Fint. Encore une fois, je gagne la partie. » « … » Le Capitaine Fint ne répondait pas, mais regardait Morryton droit dans les yeux. Comme face à un adversaire qui vous avait battu à la loyale. « Et tu es quand même venu. Cela me dépasse, un geste aussi désespéré. Je comprends que tu aies cru avoir une chance après la tempête qui a fait échouer mon vaisseau. Mais allons, j’aurais été prêt à parier, allez, disons la moitié de ma fortune que tu ne te serais pas arrêté ici. »
Fint ne répondait toujours pas. Cela ne semblait pas contrarier Morryton, qui enfila ses gants, et rajusta son monocle. « - Les règles de la piraterie étant ce qu’elles sont, je les respecterai. Je ne tuerai pas tes hommes s’ils sont à terre, même si vous n’avez de pirate plus que le titre. Je prendrai juste mon butin de guerre. Tu as déjà deviné de quoi je parlais, n’est-ce pas ? Apportez-la. » Les hommes de main de Morryton saisirent alors Yhla, et l’emmenèrent devant les deux capitaines face à face. Elle ne se débattit même pas. « - C’est bien ma petite, tu as compris quel rôle tu devais jouer dans cette pièce. Nous savons tous les trois quelle est ta réelle valeur. Fint, puis-je… ? » Fint acquiesça.
En retrait, John aurait aimé bondir et empêcher l’odieuse transaction. Mais tous ses muscles étaient tétanisés, c’était à peine s’il pouvait respirer. Il ne put que constater la fin de l’échange. Morryton repartait, avec Yhla et ses hommes. Fint et son équipage étaient laissés au milieu du quai, tandis que les cendres de l’Aelin volaient dans le ciel…
« - Comment avez-vous pu laisser faire ! Comment avez-vous pu l’abandonner ! Comment vous êtes-vous fait laisser berner par ce type ? Et surtout, pourquoi ne m’avez-vous pas laissé agir ! » Fint, John, Hector, et les autres membres de l’équipage étaient attroupés dans une taverne des bas-fonds de Phare. Heureusement, Hector connaissait l’aubergiste, qui les laissa disposer tranquillement de sa salle principale. « - La dernière question est la plus simple à répondre. Si tu n’avais été paralysé, tu aurais couru délivrer Yhla, ce qui est tout à ton honneur. Mais vu que tu es arrivé après le début, tu ne pouvais savoir que tout le port était rempli de soldats de Morryton armés jusqu’aux dents. Nous aurions peut-être pu nous en sortir, mais au prix de lourdes pertes seulement. » Fint reposa sa choppe sur la table. Exceptionnellement, tout l’équipage était autorisé à assister à la réunion. Pour des questions de commodité vis-à-vis de la taverne, mais également parce que les marins auraient à prendre une décision vitale ce soir : quitter l’équipage de Fint, capitaine sans bateau, ou rester coûte que coûte avec lui, assumant le fait que la majeure partie de la trésorerie a brûlé avec le navire. « - Pour les autres… Elles sont hors de propos. Pour faire simple, disons que nous avons sacrifiés notre reine pour dévoiler le jeu adverse. Maintenant, nous savons que Morryton vient de partir pour l’île du Livre. Si… - Mais qu’est-ce qui ne tourne pas rond avec vous !? Comment osez-vous comparer votre nièce à une pièce d’échec ? Même si elle n’est pas votre réelle nièce, vous deviez la connaître d’une façon ou d’une autre pour l’avoir acceptée parmi nous ! - … La reine était l’Aelin. Je ne parlais pas d’Yhla. » La discussion était houleuse entre le journaliste et le capitaine. Plus tôt dans la soirée, ce dernier s’était entretenu longuement avec ses subordonnés directs. À la fin de leur discussion, il avait été convenu que le capitaine parle en toute franchise avec l’équipage, pour que ce dernier puisse décider de leur sort en toute connaissance de cause. Hector avait déclarer à John suivre Fint quoi qu’il arrive, « de toute façon, je n’ai jamais fait ce métier pour l’argent. Je le faisais car il me permettait de me rendre utile à quelqu’un qui a cru en moi, en me permettant en même temps de parcourir le monde. » John se rassit sur sa chaise, les bras croisés. « - Je suppose que vous avez un plan. » « - En effet. » Fint se leva, et commença son discours : « - J’ai en effet un plan. Morryton nous a pris l’Aelin, mais ce faisant, il a été obligé de se dévoiler. Cela veut dire qu’il est déjà en route pour l’île du Livre. Je peux vous dire qu’il s’agit de l’île Providence, située à trois jours en bateau d’ici. Si nous partons ce soir, nous avons une chance d’y parvenir en même temps que le sir. » Un murmure parcourra l’assistance. « - Je ne peux acheter votre loyauté. Si vous me suivez, ce sera de plein gré et en toute connaissance de cause. Je ne vous promets pas une montagne d’or si nous réussissons, car je ne sais pas si nous réussirons. Mais ce que je sais, c’est que si vous acceptez de me suivre, si vous me faites confiance, si vous m’accordez l’honneur de croire en moi, je ne vous décevrai pas. Moi, le Capitaine Fint, ferai de vous des grands hommes, mais uniquement si vous me le permettez ! » L’assistance cria son soutien en levant ses choppes.
Puis, Fint se tourna vers John. « - Penses-y. Quel que soit l’issue, tu n’auras rien perdu. Le jour où tu m’as rejoint, tu n’avais rien. En m’accompagnant, tu as eu tout ce que tu voulais. Tu as rencontré des amis, tu as visité des contrées fabuleuses, vécu des aventures fantastiques. Tu t’es enrichi de souvenirs incontables. Et concernant Yhla… » Fint se pencha à l’oreille de John, de sorte que seul lui put entendre la suite du discours : « - Tu l’as trouvée. ».
« - Je ne vois toujours pas pourquoi j’ai accepté ! » John était alors dans une position particulièrement délicate : coincé dans un tonneau à vin, il était transporté à bord de l’Incunable, un navire mécanique à vapeur qui devait partir pour le lendemain. Même si le porteur était Hector, ils devaient faire attention à ne pas éveiller l’attention alentour.
En quittant Phare, Morryton s’était assuré que Fint ne puisse trouver aucun navire à acheter ou à louer. Il avait soudoyé tous les marins, du capitaine de paquebot au simple pêcheur à barque, à cette fin. Il avait juste négligé une chose : que Fint s’introduise par effraction dans un navire marchand à vapeur, sensé transporter le vin vers les mers australes, dans ces mêmes tonneaux. Fint n’avait cependant pas choisi le navire au hasard : une des relations de Hector connaissait le capitaine de ce navire, et avait réussi à le convaincre de fermer les yeux face à cet « abordage » pour le triple de ce qu’avait payé Morryton. Et c’était une sacrée somme.
Une fois les premiers hommes dans le bateau, la seconde partie du plan se déroula de façon plus conventionnelle : les pirates se dévoilèrent aux autres marins, et prirent possession du navire sans rencontrer de résistances. Le reste de l’équipage, dissimulé dans les docks, s’est rué à bord du navire et, en moins de dix minutes, ils levèrent l’ancre. Un seul grain de sable vint perturber l’engrenage parfait de ce plan : lorsque Fint, suivi de John, entra dans la cabine du capitaine, il vit un petit mot posé sur la table.
« Félicitations. Amitiés, Morryton. »
Wolf Espada Vagabond
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J'adore toujours autant, même si on dirait que tu as envie de presser un peu le déroulement de l'histoire.
MOUAHAHAHA, si seulement tu savais. x)
Elyfinthiel Elfe
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Sujet: Re: L'affaire du Whitemail 14.06.12 21:46
Merci pour le commentaire En effet, je plaide coupable, j'avais un peu envie de passer rapidement cette partie. On va dire que j'étais plus pressé d'arriver au dernier chapitre qu'autre chose x) Je retiens la remarque, parce que c'est pas la première fois qu'on me dit que je passe rapidement sur certains trucs (Flo avait déjà fait la remarque sur les premiers chapitres)
Flo Loup Solitaire
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Yep, et cette hâte se fait tout autant ressentir dans l'écriture, bien moins travaillée que sur les autres chapitres. On a aussi droit à de plus nombreuses erreurs d'étourderie ou de répétitions.
Diabolo Knight of Zero
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Sujet: Re: L'affaire du Whitemail 14.06.12 23:46
*disappointed
Flo Loup Solitaire
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Sujet: Re: L'affaire du Whitemail 21.06.12 22:05
Yep, la nuit commençait à se faire longue, j'avais déjà prévenu =/ Et maintenant, le dernier gros chapitre. Celui qui suivra sera juste la conclusion et l'épilogue. Pour une meilleure immersion, je tiens à vous conseiller une musique de fond qui convienne...
Bonne lecture!
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L’Incunable voguait depuis plus de deux jours sur les eaux de la mer intérieure. Son fonctionnement mécanique, fonctionnant à l’aide de vapeur, le rendait indépendant des caprices du vent et des courants. Au contraire du Fantasme, le navire de Morryton, qui fonctionnait lui avec des voiles. Tout le trajet, Fint était occupé à surveiller son anémomètre.
« - Tu crois qu’on y arrivera ? » s’inquiéta John. Il avait certes confiance en le capitaine, mais doutait malgré tout de la réussite de l’entreprise. « - Franchement, j’en sais rien, c’est assez kif-kif. Parfois, Fint gagne. D’autres fois, c’est Morryton. Tout ce que je sais, c’est que c’est toujours à la fin que les deux dévoilent leurs cartes. Donc, tout ce que nous pouvons faire, c’est attendre et jouer notre rôle. - Tu ne trouves pas que le capitaine nous manipule comme des pièces d’échec ? » Hector aussi les épaules. « - Si j’étais une pièce d’échec, je préférerais être du côté de Fint. Quoi qu’il arrive, il fait toujours tout pour n’en perdre aucune. »
Finalement, à l’aube du troisième jour, un cri retentit et transperça l’aurore. « - Terre ! Terre à l’horizon ! Nous atteignons l’île de Providence ! » Fint sorti de sa cabine, et convoqua tout l’équipage. Le reste du trajet, il les consacra à leur exposer chaque point de son plan, et le rôle que chacun devrait jouer. Puis, le navire atteignit la côte.
Le plan était simple : Morryton était déjà arrivé, mais à peine quelques heures auparavant. Ils doivent donc encore être en train de chercher le Livre. Un petit groupe suivra Fint, ira à la rencontre de Morryton, et cherchera la confrontation. L’autre groupe devrait alors arriver, et mener une attaque-surprise afin de les sauver. Si tout fonctionnait comme prévu, ils pourraient profiter de la confusion pour délivrer Yhla et récupérer le Livre. Si tout fonctionnait comme prévu. Ils attendirent le crépuscule pour agir.
D’un geste du doigt, Fint intima le silence au petit groupe qui le suivait. Il n’était composé que d’une dizaine de marin, parmi lesquels John et Hector. Ce dernier avait insisté, justifiant qu’il préférait encore être avec le Roi qu’en première ligne du front. Le groupe avança donc lentement à travers la végétation dense de l’île. L’île de Providence tirait son nom d’une ancienne expédition menée sept siècles auparavant par la reine Providence. On raconte qu’elle trouva ici une mine riche en or, qu’elle exploita jusqu’au dernier filon. L’île privée de ses ressources minières, elle fut désertée, et peu à peu abandonnée. À présent, elle était totalement dépeuplée, seul son nom restait mentionné dans de rares cartes. « - Mais il y a cinq siècles, avait expliqué Fint, cette île venait d’être abandonnée et déclarée maudite. Le groupe de sages décida donc d’y cacher le Livre, devinant que cette île tomberait peu à peu dans l’oubli. Et ils avaient raison. »
Ils finirent par arriver à l’entrée d’une ancienne mine. La porte, auparavant richement décorée de voûtes et de piliers, tombait en ruines. Seule une poignée de soldats était postée devant, armés de simples fusils. « - Un jeu d’enfant », murmura Fint. « - À trois. Un… Deux… Trois ! ». Le groupe se rua à l’extérieur des bois, neutralisant directement les gardes qui n’eurent même pas le temps de tirer un coup de feu. Ils furent ligotés, bâillonnés, et cachés près de l’entrée. John tremblait de peur tout le long. Il s’était directement porté volontaire pour le corps des « condamnés », mais n’était pas du tout accoutumé aux combats et à l’action. Mais l’idée de rester au bateau et d’attendre leur retour, ou non, lui était encore plus insupportable.
Ils entrèrent donc dans la mine. Ils furent guidés par Fint, qui les menait sans hésitation à travers le labyrinthe de ces tunnels. John remarqua quelques pioches, d’antiques lampes à huile, et autres instruments de minage. Plus il courait avec les autres, plus il sentait la pression augmenter dans son corps. Hector lui posa une main sur l’épaule, qu’il dégagea d’un mouvement, trop nerveux pour articuler quoi que ce soit. C’était maintenant que tout allait se jouer. Il priait intérieurement d’avoir eu raison de choisir de faire confiance à Fint.
Finalement, ils débouchèrent sur une vaste caverne. Le spectacle qui s’offrit à lui étonna les yeux de John. La caverne était en réalité à l’air libre. Un vaste trou au plafond permettait à la lumière de la lune de pénétrer dans son espace. Cette lumière se répercutait ensuite à travers toutes les parois magiques, destinées à protéger l’installation centrale. Sur les parois, une reproduction de la voûte céleste entourait le lieu. Et au centre, protégé par un majestueux croissant argenté en perpétuel mais lent mouvement, trônait le Livre Pourpre, ouvert sur un piédestal. Fint aspira une bouffée d’air, puis s’avança jusqu’aux premières parois magiques, et attendit. Les parois, constituées d’une multitude de losanges presque invisibles, grésillaient de temps à autre, signe d’un sort magique toujours actif.
On entendit alors des mains applaudir. Sortant par l’entrée opposée, face à la première, Morryton applaudit de moins en moins fort, jusqu’à l’arrêt. Il faisait face à Fint, séparé de lui par le Livre et ce qui l’entourait. Yhla suivait Morryton, accompagné d’une vingtaine de gardes du corps.
« - Enfin ! Vous avez failli me faire attendre, Fint. Je n’étais même pas sûr que vous parveniez jusqu’ici. Mais encore une fois, vos compétences me ravissent – bien qu’elles soient toujours loin d’être suffisantes pour me battre. » Fint inclina respectueusement la tête. « - Sir Morryton, bonjour, à nouveau. La dernière fois que l’on s’est vu, vous avez brûlé mon navire. Sachez que je vous retournerai la faveur d’ici la fin de la soirée. » Morryton fit un petit signe de la main. « - Bah, n’y pensez plus ! Ce n’était qu’un navire, après tout. Ne vous sentez pas obligé de vous abaisser à me rendre la pareil. Nous ne volons guère dans ces bas-cieux-là. - Vous avez raison, bien entendu. Mais je tenais à vous le préciser. » Morryton regarda sa montre. « - Bien, il est bientôt l’heure. J’ai une magicienne, vous avez vos propres dons. Nous savons tous deux le rituel à accomplir. Pourrions-nous commencer ? - Avant tout, j’aimerais tout de même expliquer le mécanisme à mes hommes ici présents. Parmi eux, voyez-vous, il y a un journaliste-reporter, chargé de rapporter cette aventure. Je ne voudrais pas qu’il manque d’explication pour son compte-rendu. » John trouva très déplacé d’attirer l’attention sur lui alors que l’adversaire possédait beaucoup plus de troupes à sa disposition. Mais il préféra tenir sa langue. Il jeta un regard à Yhla, qui ne le lui rendit pas. Morryton haussa les épaules. « - Bon, si vous y tenez. Après tout, nous avons quelques minutes à perdre, donc… - Merci de votre compréhension. » Fint se tourna vers sa dizaine d’hommes. « - Alors, à votre avis, quel est le rituel pour accéder au Livre Pourpre ? Comme vous pouvez le constater, il est protégé par de nombreux écrans magiques. Ceux-ci, malgré leur apparence simpliste, sont extrêmement complexes. Pour être désactivés, ils demandent l’intervention d’un mage expérimenté, lorsque les rayons de la lune toucheront exactement cette pierre. » Fint désignait du doigt une pierre à l’apparence pyramidale, au centre d’un cercle gravés sur le sol. « - Cela devrait arriver dans quelques instants, maintenant. Afin de réaliser l’opération d’ouverture, il fallait à Morryton un mage expérimenté dans la manipulation du mana. C’est pour cela qu’il a enlevé Yhla. » Anticipant une question de John, il ajouta : « - Yhla n’est pas réellement ma nièce, en réalité. Mais la question de ce qu’elle est et ce qu’elle n’est pas peut être remise à plus tard. Selon ma montre, il est l’heure. Vous confirmez, Morryton ? » « - En effet. Il est temps de commencer l’opération. Yhla, très chère, pourriez-vous… ? »
Les dents serrées, Yhla s’approcha de la première paroi magique. Elle remua les lèvres, tandis que des symboles commencèrent à apparaître autour d’elle. La première paroi se brisa sans effort, les losanges dont elle était constituée tombant à terre et se brisant comme du verre, avant de s’évaporer magiquement. Yhla effleura la seconde paroi. « - Je pense qu’il est également temps pour nous de commencer », commenta Fint. Et sans un mot de plus, il se jeta en avant, bientôt suivit par John et les autres. Morryton claqua alors des doigts, et un deuxième groupe de mercenaires apparut à travers la première entrée, mettant en joue Fint et ses hommes, et leur coupant la retraite par la même occasion. « - Ne me sous-estimez pas, s’il-vous-plaît. Échec. » Fint répondit du tac au tac en claquant à nouveau les doigts. « - Déplacement du cavalier. Je prends votre pion. Échec au roi. »
On entendait des bruits d’affrontements dans le couloir, quelques échanges de coup de feu, suivit d’un grand silence. Morryton le rompit en claquant à nouveau des doigts. « - Je vous l’ai déjà dit, Lord Fint. Ne me sous-estimez pas. » Il découpait chaque syllabe. À l’entrée, les pirates de Fint apparaissaient, dépouillés de leurs armes. Un autre groupe de mercenaires, deux fois supérieur en nombre, les avait capturés. « - Votre stratégie de vouloir faire une attaque-surprise pour vous libérer était SI prévisible que cela en devenait… Risible. Je crains que la partie ne soit terminée, Fint. Échec et mat. J’ai capturé vos soldats, maintenant il est temps d’admettre votre défaite et d’abandonner. »
Le moment de surprise passé, le visage du capitaine resta serein. « - Jusqu’à ce que la dernière pièce ne soit jouée, la partie n’est pas terminée. » Le silence qui s’ensuivit ne fut rompu que par la destruction de la troisième paroi par Yhla. Elle se tenait face au Livre à présent. « - Que voulez-vous dire ? » Le visage de Morryton trahissait son agacement. « - Combien payez-vous vos soldats, déjà ? 250 couronnes la journée, non ? » Morryton tiqua à l’annonce du chiffre. Il était exact. « - Ce qu’il y a de bien, avec la loyauté, c’est qu’elle ne s’achète pas. Au contraire des services. J’ai préféré miser sur la loyauté de mes soldats. Vous, sur leurs services. Que pensez-vous que dirait un soldat qui se ferait approcher par un agent infiltré, et qui lui proposerait le triple de son salaire mensuel ? Un soldat loyal refuserait l’offre, même alléchante. Mais pour vos mercenaires ? »
Le visage de Morryton devenait de plus en plus blême au fur et à mesure qu’il comprenait le fil des évènements. Son regard passa du Livre à ses soldats, derrière lui. Il ne pouvait savoir lesquels avaient été achetés par Fint et lesquels lui obéissaient. Il leva le bras pour donner l’ordre de tir, quand Fint cria : « - Pamplemousse ! »
Aussitôt, ce fût le branle-bas de combat. Une partie des mercenaires qui retenaient les hommes de Fint les libéra, et attaquèrent les autres mercenaires. De même parmi les rangs de Morryton. Les soldats de Fint reprirent leurs armes, et commencèrent à se battre contre les mercenaires adverses. Kalsian récupéra sa hache de combat, et commença à se frayer un chemin vers Fint, resté judicieusement au centre. Morryton, accompagné d’une poignée de fidèles, courait vers le Livre Pourpre. Les balles fusaient de toutes parts, l’une d’elles blessant Yhla, restée près de l’objet, à l’épaule. « - Yhla ! Position du Fou ! » cria Fint. La fille comprit l’ordre, et leva son sortilège préparé pendant que les deux ennemis discutaient. Un mur de verre sépara alors la salle en deux, bloquant Morryton et ses hommes de l’autre côté, tandis qu’elle récupérait le Livre et le gardait du mieux qu’elle pouvait. « - Ils filent par une autre sortie, dépêchons-nous ! » John courut vers Yhla pour l’aider à s’enfuir. Il prit le livre, et le passa à Hector, qui fila droit vers la sortie, accompagné du reste des pirates. Fint traînait à l’arrière, assurant la protection du groupe contre les mercenaires ennemis, créant des geysers d’eau renvoyant les adversaires loin en arrière. C’est alors qu’un autre groupe de mercenaire les prit en tenaille par l’une des galeries annexes. Dans l’impossibilité de savoir s’ils étaient amis ou ennemis, John ne tira pas, ce qui lui fut fatal. Il se reçut une balle dans le ventre et une autre dans la jambe, l’empêchant de se déplacer. « - John ! » Yhla se dépêcha d’utiliser un sort de soin temporaire, sensé refluer le sang, mais dans la précipitation sa propre magie semblait s’évaporer d’elle-même. « - Oh non… » Hector revint à la rescousse avec une partie des marins, pour leur ouvrir la voie. Fint passa à côté d’Yhla, posa une main sous son épaule valide et prit John de l’autre bras. « - Yhla, il semble que ta vraie nature commence à ressurgir. Je te déconseille d’utiliser la magie, elle pourrait t’être plus néfaste que… » La fin de son avertissement fut couvert par un tir de canon. Le Fantasme tirait au hasard sur l’île.
Sortant en précipitation de la mine, le groupe de pirates et de mercenaires achetés courait à travers les explosions. Des soldats de Myrreton tentèrent de les arrêter, mais ils étaient en nombre insuffisants pour former un barrage efficace. D’un coup, Fint se retourna et plaça sa main devant lui. Une balle s’y logea profondément, mais sans la transpercer, grâce à la magie. Morryton venait de tirer avec son propre pistolet. « - Va au Diable, Lord Fint ! - Navré, mais c’est déjà l’une de mes connaissances. Au plaisir de refaire affaire avec vous… » Fint abaissa un chapeau imaginaire, tandis que Morryton se prenait un pamplemousse sur le crâne, tombé d’un arbre au-dessus de lui. « - Joli tir, Hector. - Merci, Capitaine. »
Ils atteignirent alors l’Incunable dans la précipitation. Fint attendit d’être certain que tous les marins et mercenaires payés remontent à bord, avant de faire lever l’ancre. De toute manière, les troupes de Myrreton étaient trop chaotiques que pour prêter attention à eux. « - Il n’avait pas prévu de plan de sortie… » D’une main, Fint mima un pistolet, pointé droit vers le Fantasme, et tira. Une étincelle partit alors de l’une de ses voiles, avant de se propager sur tout le navire, forçant les soldats à repartir sur l’île à la nage. D’un geste satisfait, Fint souffla sur son index.
Il se rendit alors au chevet de John, où s’affairaient déjà Yhla et Hector. « - Comment va-t-il ? » demanda Fint. « - Il perd beaucoup de sang », dit Yhla. « - Il faudrait utiliser un sort de soin pour le guérir ! ». Fint plaça sa main sur la tête de John, et une aura blanche commença à l’entourer. Les balles sortirent de son corps, et ses blessures se refermèrent. Mais, par un curieux phénomène, le sort perdit de son efficacité, et les blessures se rouvrirent à nouveau. John cracha du sang. « - C’est bien ce que je pensais », enchaîna Fint, « - Yhla, tu as introduit de l’anti-magie en lui, sans le vouloir. Il faudrait que tu puisses inverser le processus. » « - Je ne sais pas, je ne sais pas ! » Yhla perdait peu à peu son masque habituel, et la panique commençait à la gagner. « - Tu sais que je ne maîtrise pas encore ce genre de choses ! » « - Tu en auras pourtant besoin pour le sauver. Concentre-toi sur lui, et sur lui uniquement. Trouve en toi ce qu’il faut pour l’aider. Tu en as les moyens. N’oublie pas d’où tu viens. » Yhla se pencha alors sur John. Elle ferma les yeux, inspira à fond, et se concentra sur lui. Puis, tout devint noir pour lui, et il sentit sa conscience sombrer.
Elyfinthiel Elfe
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Sujet: Re: L'affaire du Whitemail 04.07.12 1:03
Et...
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La première chose qui vit John en rouvrant les yeux, ce fut Yhla endormi sur une chaise. Lui-même était allongé sur un lit, il ne savait trop où. La porte s’ouvrit alors, et Fint, suivit d’un docteur et d’Hector, entrèrent. « - Alors gars, tu t’en remets ? » demanda celui-ci. John avait du mal à parler, il sentait sa gorge sèche. On lui apporta un verre d’eau. « Ça va, je m’en sors… ». On lui raconta alors la suite des évènements. Une fois partie de l’île, Morryton et ses sbires y restèrent bloqués, sans navire à leur disposition. On emmena John à un hôpital de Phare, son état restant critique tout le long du trajet. Jours et nuits, Fint et Yhla se relayaient pour le maintenir, mais la tâche était ardue. Les autres soldats ont pu être soignés, mais son corps avait fortement été imprégné de l’anti-magie d’Yhla. « C’est parce que lorsqu’elle a voulu te soigner une première fois », expliqua Fint, « elle y a mis énormément d’elle-même. Mais, pour certaines raisons, elle ne pouvait plus pratiquer une magie normale. Elle a pu défaire partiellement ce qu’elle t’avait infligé, mais ton état demandait toujours une attention constante. »
Le Livre Pourpre a pu être mis en sécurité, avant de trouver un acheteur assez fortuné qui serait intéressé par l’objet. On n’avait toujours pas de nouvelles de Morryton, ce qui, en soit, était une excellente nouvelle. « - Donc, si je comprends bien, vous aviez tout prévu dès le début ? Y compris l’enlèvement d’Yhla, et le fait qu’il capturerait votre équipe de secours dans la caverne ? - Eh bien, pour l’un comme pour l’autre, je ne pouvais avoir aucune certitude. Par précaution, je m’étais tout de même assuré la fidélité d’une partie de l’équipage de Morryton. Lui et moi disposons de sources d’argent gigantesques, mais la différence, c’est que je n’hésite pas à l’utiliser pour mes soldats. Lui est toujours resté assez pingre. - Donc, l’agent double dont vous m’aviez parlé à Whitemail… - Il s’agit d’une connaissance de longue date, engagé opportunément par Morryton. Elle se chargeait de soudoyer petit à petit ses soldats, en leur proposant des offres impossibles à refuser. » John était perdu dans ses pensées. Il avait du mal à réfléchir, mais un point restait à éclaircir. « - Et qu’en est-il du rôle d’Yhla, dans tout ça ? » Yhla et Fint se regardèrent, mal à l’aise. Ils congédièrent Hector et le médecin, afin de pouvoir parler en privé.
« - En fait… » commença Fint. « - Yhla n’est, comme tu l’auras deviné, pas ma nièce. Cependant, nous nous connaissons de longue date. De très, très longue date. Tu peux considérer Yhla comme une sorte de… D’entité magique ayant choisi un corps pour l’héberger. » John ouvrit grands les yeux. « - Une entité magique… Dans un corps… ? » Yhla lui répondit : « - En fait, il y a une vingtaine d’années, je suis née dans le corps d’un être humain. Le pourquoi, je n’en ai absolument aucune idée. La seule personne que je connaissais était Fint, car dans mon ancienne vie déjà nous étions liés. Alors Fint m’a confié à une de ses amies, qui m’a élevé jusqu’à maintenant. » John avait du mal à digérer toutes ces informations. « - Fint, tu avais parlé de « Fou », à un moment… - Oui, en effet. La pièce du « fou » placé à Phare était Yhla. Je me doutais qu’il faudrait un mage à Morryton, et qu’il lui était difficile d’en trouver un dans de brefs délais. Il y avait donc une chance raisonnable pour qu’il capture Yhla à un moment ou à un autre. Je savais qu’il ne lui ferait aucun mal, vu qu’il en avait besoin. Quant au dernier mouvement… On avait convenu du scénario si Yhla était forcé d’ouvrir les barrières protégeant le Livre. Pendant que je parlais, je lui ai laissé le temps de créer un autre sortilège de barrière. » John ferma les yeux, murmurant : « Cela remet tout en question… » Yhla s’exclama du contraire. Fint haussa les épaules, et se leva. Sur le pas de la porte, il lui lança : « Et je compte toujours sur vous pour votre article, monsieur le journaliste ! ».
Il ferma la porte derrière lui, arborant l’un de ses éternels sourires, et partit en sifflant.
Poussant un dernier soupir, John se mit au travail. Il ne savait toujours pas dans quel but exact Fint l’avait engagé à écrire ses aventures, mais au fond, il s’en manquait. Grâce à cette aventure, il avait lancé sa carrière de journaliste. Et il avait trouvé bien plus également. Il se pencha sur l’un des papiers, trempa la plume dans l’encrier, et commença à écrire.