Salut à vous, derniers survivants.
Je crois bien… Je crois bien que c’est la fin. La fin de l’histoire, de l’Histoire, du monde quoi!
Hé faites pas cette tête! On s’en remet très bien… Au fond, le néant, c’est pas grand chose, je peux vous l’assurer.
La silhouette bien connue se tenait un peu à l’écart. On devenait à peine un poing serré sur une large bouteille, au contenant inconnu. Son chapeau à large bord ne laissait entr’apercevoir qu’un rictus, à mi-chemin entre rire et tristesse.Ah, vous pensiez être débarrassés de moi?
La silhouette, ce-disant, soulevait les épaules avec négligence.Que voulez vous… Les héros sont immortels. Souvenez-vous-en.
Vous voulez que je vous raconte la fin de l’histoire, alors? C’est que… Ça fait mal, en fait. Ça me fait putain de mal à chaque fois que j’y pense, alors, en parler…
On put entendre le silence tamisé du chant des grillons.Mais bon.
Je suppose qu’être les derniers ici vous donne le droit de l’entendre. Après tout, nous n’avons rien de mieux à faire, pas vrai?
Et puis, c’est plutôt mon truc, l’affliction.
Si l’histoire est vraie? Who cares? C’est moi qui raconte, ça n’engage que moi… Vous n’aurez qu’à vous plaindre à qui vous voulez… Aux dieux, tiens. À la Déesse! Encore mieux, la Déesse!
La nuit fut déchirée d’un rire terrible, à faire trembler la terre et briser l’échine du guerrier le plus féroce.
Le silence à nouveau.
Et puis, la silhouette s’avança. Ce n’était plus une silhouette, à vrai dire, mais un être sans âge aux cheveux grisonnants, chapeau dans la main, et dont le regard portait sur des mondes depuis longtemps engloutis.
Alors, il se mit à raconter, et ses mots transportaient l’assistance, comme le vent transporte les souvenirs d’un temps regretté.*********
« Tout est prêt, âme?
- Oui, seigneur. Tout sera fait selon vos recommandations.
- Bien. Ne déviez de tout cela sous aucun prétexte. N’oubliez pas que cinq millénaires reposent sur vos épaules.
- Aye aye sir! »
L’Espace infini se déployait, lovant la surface de Tanas, sous les yeux du Baron. Tanas fut jadis florissante, l’un des coeurs battants de Warz. Comme les autres planètes du système, elle avait subi de plein fouet ce qu’ils appelaient le Cataclysme. Sa planète-soeur, Ulrand, avait, elle, été vaporisée, et ses cendres, capturées par la gravité de planète verdoyante, formaient la lune sur laquelle il se trouvait.
Il était temps. Il avait formé ici une coalition des pires renégats de la Galaxie, leur promettant force pillages et des femmes à ne plus savoir qu’en faire. Il était amusant de se dire que la promesse d’une sexualité délurée était restée l’un des meilleurs leviers pour la guerre. Ils étaient si fragiles, si prévisibles.
Une pensée le heurta.
Le rêve était terminé.
Il était temps de passer à l’action.
« Nous partons. »
*********
Le Baron de Cod toisait l’un des plus terribles adversaires qu’il lui ait été donné d’affronter. L’homme au Monocle était redoutable. Le Palais des Flots était éventré par la fureur du combat. Plus de gardes, plus personne.
Faisant tournoyer sa lame, il continuait à tourner autour de l’ennemi, prêt à lancer un nouvel assaut.
« La lutte est belle. Il n’est pas trop tard, qui que vous soyez. Non, pas trop tard… »
Il s’apprêtait à bondir de nouveau. Il n’avait pas encore abattu toutes ses cartes. Soudain, un craquement se fait entendre dans son dos.
Il tendit sa lame vers l’ennemi.
« Si je sens le moindre flux de mana, je t’atomise. »
C’était elle.
Sans se retourner, le regard fixé sur l’homme au Monocle, le Baron laissa échapper un murmure.
« Tu es revenue…
- Évidemment… Je… Et puis taisez-vous!
- On a un peu de mal, Baron? »
Pas besoin de se retourner pour se la figurer. Son aura suffisait presque à lui faire perdre la raison. Son aura, décuplée par le goût de sang… Mon sang, se dit-il. C’est surtout mon sang qu’elle aime. Un frisson parcourut son échine.
Il reprit contenance.
« C’est un plaisir de vous voir ici, Hannibal Khan. Vous avez ce que je vous ai demandé?
- Ouais mon gars. Ça va te coûter cher. Très cher, mais je…
- Plus tard. Il est fort, très fort… Un coup de main?
- J’ajouterai ça à votre note, Baron!
- Parfait. »
D’un bout furtif, le Baron glissa au côté du Khan. Ce dernier lui lança un objet, une petite sphère brillante, qu’il récupéra au vol.
Le temps était comme suspendu.
Tous deux, ils bondirent sur l’homme au Monocle… Le Khan, comme une furie, se jetait sur l’ennemi, fou de guerre, digne représentant de son peuple.
Le Baron s’arrêta net, et lançant la petite sphère, il murmura: « maintenant ».
Il y eut un flash. Comme un arrêt dans le temps, ce qui restait de la pièce étant saturé d’énergie.
« Que…
- Baron, qu’est-ce que… Qu’avez-vous fait? Hurla le Khan.
- Je… Je ne peux plus rien faire… maugréait l’homme au Monocle.
- Navré pour cette ruse de bas étage, sourit le Baron. »
Il était retourné auprès d’elle. L’air vibrait autour d’eux.
« Le jeu est terminé. C’est la fin de l’histoire. Et vous avez perdu!
- Qu’est-ce que tu racontes, espèce de crétin? Ça ne finira jamais! Jamais!
- Navré. Ça ne m’amuse pas plus que vous. La page était blanche, je l’ai rédigée. Vous êtes aux prises avec une Cage de Hinday. C’est une merveille. L’alternance à très haute fréquence d’un champ anti-magie et d’un bouclier d’énergie… À ma connaissance, on ne peut pas en sortir. Le temps de lancer un sort, et paf, un raid anti-magie vous a déjà vidé… ça m’a coûté une étoile en énergie, mais vous serez bien, là tous les trois. »
Il y eut un silence. Le baron reprit, désignant le ciel. « Voici l’opération Dardanellas. Le dernier maître-plan de Fenrir. Il aurait tant aimé le voir se réaliser… Ici, notre bien aimé Roy dans son exsphère, son alter égo au Monocle, et surtout, surtout, vous, mon cher Hannibal Khan… »
« Je m’attendais à une trahison de ce genre…
- Non, non, pas de trahison. Je n’avais pas le choix, c’est à moi qu’a échu le sale boulot, c’est tout… Lorsque j’ai eu vent de cette Rébellion, j’ai préparé une flotte mercenaire gigantesque. Ce n’était qu’un leurre, évidemment. Seuls les satellites nécessaires à former cette cage de Hindlay étaient utiles ici. La flotte est déjà en orbite autour de Nabata…
- Salopard, Nabata est scellée, jamais vous n’y mettrez un pied… vociférait le Khan.
- Navré, navré, mais il n’est pas question de poser un pied sur Nabata… Elle est juste suffisamment… Vulnérable, sans vous. »
Un émetteur apparut dans la main du Baron.
« Boum. »
S’en suivit un immense vacarme, puis, brusquement, un silence éloquent.
« Les vaisseaux étaient remplis ras la gueule de charges atomiques. Croyez-moi, il y a assez d’énergie pour faire sauter le plus solide des boucles magiques. Nabata n’est plus. Quand à Twuliplanet… Hé bien… Ma chère… »
Le Baron offrit son bras à Katarina.
« Prête à répandre le Chaos, ma chère? Mon amour? »
Un hochement de tête les yeux fermés fut la seule réponse.
« Adieu, mon Roy.
Adieu, Hannibal Khan. Ravi de vous avoir connus. Nous ne pouvons plus exister. Cinq mille années durant, j’ai suivi le Jihad. J’ai enfin compris son enseignement. Beryl était proche du but. Trop exaltée, elle était. Nous allons détruire Warz, purgée à jamais de sa belliqueuse vermine. Les âmes, je les ai déjà faites miennes. Seuls survivront les Temples, sans moi, sans nous. Que les habitants de Warz puissent prospérer, à jamais. Avec Warz meurt la guerre. Voila la fin de mon histoire.
Adieu. »
Il étreignit Kat, et, déversant en elle toute sa puissance, un gigantesque torrent mêlant Force et Chaos se déversa partout, assez puissant pour disloquer à jamais la structure spatio-temporelle.
Véritable trou noir, qui tout engloutit.
**********
Ça en jette hein? Voila comment ça s’est passé.
Que? Pourquoi je suis toujours là, moi? Oh, eh bien il reste bien des petits bouts d’espace par-ci par-là, et un peu de continuum temporel pour les mouvoir. Pour les gens comme vous et moi, vous comprenez?
On ne peut pas vraiment cesser d’exister.
Warz vivra toujours, parce qu’elle reste dans les coeurs de ses seigneurs de guerre. Chaque fois que l’un de vous y pensera, mes agneaux, nous serons tous là.
Et si cette fin ne vous plait pas, vous savez aussi bien que moi qu’il ne tient qu’à vous de la changer.
Ainsi s’achève l’histoire du terrible Fenrir, de ses héritiers et de ses amis.
À jamais son récit fut enterré, et ses protagonistes endormis à jamais.
Et c’est pour ça qu’il ne mourra jamais.
Quant à Fenrir… Oh, il reviendra. Et gageons qu’il aura toujours une belle histoire à raconter.***********
J’ai pris ces quelques moments pour prendre encore une fois la plume, histoire de refermer le livre sur l’histoire et les motivation de Cod.
Désolé si l’usage que j’ai fait de vos personnages ne vous plait pas. Je n’ai ni le temps, ni le public pour me lancer dans un grand opéra faisant intervenir chacun à sa juste valeur.
C’est juste une fin proposée
Voici la rétro finale de mes personnages:
Elvish n’était en fait qu’un alter-égo de Fenrir, une projection de son désir d’être accepté par les Twulipiens. Son souvenir reste vivace, mais il n’était qu’une coquille vide mue par le Loup.
Fenrir erre toujours quelque part. Bâtard royal, seigneur de guerre impitoyable, premier des Renégats qui s’opposa au Dark Phénix, Vice Consul de l’Est, légende vivante… Les qualificatifs et titres ronflants en manquent pas. Personnage central de cette histoire, son empreinte a marqué tous ses successeurs… Il fut érigé au rang de Démon, et régna longtemps dans le monde des Ombres, revenant semer épisodiquement le chaos sur Warz. Il fut expédié dans le Néant par le second Chey, mais la mesure ne semble jamais avoir été réellement efficace. Sa descendance fut également nombreuse, et on lui connut une aventure avec la cheffe mercenaire Restless Dream, union qui engendra la célèbre guerrière Nuit. Peut-être trouvera-t-il enfin la paix. Bon repos, Hanzo Earüthiel.
Andreas Lisel fut un officier Twulipien. Il tenta de se faire une place à la Cour, mais son arrogance et le retour de Fenrir eurent raison de lui.
Lerok naquit sur Tanas, et sa vie fut des plus tumultueuses. Il marqua son époque en développant l’Invocation, et en devenant l’un des ennemis les plus acharnés des PRs durant les multiples guerres fratricides contre la Fédération. On lui connut une histoire avec l’officier Tw Aeris. Il devint l’un des Pêchés de Vergil, l’Avarice, et mena quelques opération de contre-guerilla pour la junte des généraux lors de la Restauration de Minas. Nul ne sait ce qu’il advint de lui.
Le premier Chey, Ayrton, était un garçon des rues choisi par Fenrir. Il fut confié à Diabolo, entraîné, puis envoyé dans le futur après le Cataclysme. Il fut le premier des Chey a tenter de mener à bien le dessein de Denet, le « maître-plan » de Fenrir. Nul ne sait s’il y parvient. Il mourut tué par son successeur.
Le second Chey, Vilenzias Davren d’Ustassy, était un nobliau Twulipien du second millénaire après le Cataclysme. Il était en réalité issu d’un programme génétique, visant à suppléer un éventuel échec du premier Chey, en en faisant le porteur parfait de Denet. Il vécut plus de 600 ans, son vieillissement cellulaire était stoppé par les expériences malsaines qu’il subit, et participa activement aux conflits de cette période troublée. Le plan d’en faire un Chey « de secours « fonctionna si bien que, ressentant l’appel de l’épée lorsque le premier Chey fut envoyé au 3ème millénaire, fut un vrai cauchemar pour Warz, surnommé le Sorcier, l’Ouragan, ou encore le « Prince de la Nuit ». Il est demeuré célèbre pour avoir tenté d’obtenir le trône Twulipien après avoir réunifié le Royaume. Désavoué par les Sages au profit de Pogoléon, il ne se remit jamais de l’affront et devint fou. Il fut tué par Hannibal, au cours d’un combat légendaire. Sa haine et sa dépouille servirent d’arme au Nibelheim.
Le troisième Chey, Myrozian Antenoïne Hett-Io, était un capitaine smullaien, fils d’une incarnation de Fenrir sur terre. Il ressentit l’appel de Denet à la mort du second Chey, et prit sa suite. Refusant de suivre le destin des porteurs de la lame, il brisa la malédiction, en fracassant littéralement Denet et ses Cent Lames lors du combat contre Nibelheim. Il devint le Macheik, « celui qui est venu », et se retira des affaires de Warz. Nul ne sait ce qu’il devint.
Bertil de Cod, dit le Baron, était un sélénite né lors des Guerres Lunaires de la période pré-Twulipienne, il y a plus de 5000 ans. Au cours de ce conflit, il embrassa la culture Moho, et devint Seigneur du Quatrième Temple. Retiré du monde dans une mystérieuse contemplation, il fut réveillé par le troisième Chey, craignant un échec des Warziens contre Nibelheim. Esclavagiste notoire, il se signala par sa puissance terrifiante, et une étrange histoire d’amour avec la Maîtresse Shinigami PR. Figure de la Rébellion Twulipienne, il participa à la bataille finale de Twuliplanet.
J’en profite surtout pour remercier tout le monde.
J’ai eu l’occasion de le dire plusieurs fois, mais vous m’avez accompagné une bonne partie de ma vie, et j’ai appris beaucoup à vos côtés.
Ça m’a aidé, sincèrement.
Vous savez déjà ce que je pense de vous individuellement, alors je dirai juste… Merci!
Merci pour cette moitié de vie, ces rêves, ces aventures incroyables.
Prenez bien soin de vous, et n’oubliez jamais de rêver, et de raconter de jolies histoires.
Au revoir.
À bientôt.
Elv